cropped-logo.jpg

Lettre d'information #4

Novembre 2021
Au sommaire : Fête de Scarabée le 9 janvier 2022 • Le bénévolat, gros mot, grands maux • Une voie, deux voix, témoignage croisé hébergeuse - hébergé • Je suis traducteur à Scarabée • Je viens avec 1, 2, 3 amis... • Eté studieux pour le Français d'urgence qui multiplie ses cours.

À vos agendas !

dance

Fête annuelle de Scarabée - Dimanche 9 janvier

Salle Jean-Jaurès - Malakoff

Retenez dès aujourd’hui cette date festive, 9 janvier 2022, l’occasion de rassembler tous ceux qui fréquentent l’association venant d’ici et d’ailleurs, nos bénévoles, partenaires, adhérents, donateurs, sympathisants… bref vous et nous ! Nous vous en dirons plus très bientôt. Rendez-vous sur notre site web et notre espace public Facebook Malakoff.

Le bénévolat,
gros mot, grands maux

benevolat
On s’est toutes et tous dit un jour « Je ferais bien du bénévolat pour telle ou telle association », mais combien d’entre nous ont poussé la porte ? Très peu, car il y a toujours cette appréhension de s’investir trop ou trop mal !

Et pourtant, on a tous un savoir à partager et, à Scarabée, le partage est le maître-mot, qu’il soit entre bénévoles ou bénévoles-réfugiés. Ah oui, le voilà le gros mot pour certains, REFUGIÉS. Pourtant ces exilés ont quitté leur terre, leurs amis, leurs familles pour sauver leur vie tout simplement. Et à Scarabée, on les accueille avec des pôles spécifiques pour chaque problème (« mouchkil »).

Je vais vous raconter une de nos expériences avec un jeune Afghan (30 ans) qui travaille depuis plusieurs années en France. Il dormait sous un pont et très rarement en centre d’hébergement, car trop éloigné de son travail. À force de persévérance et d’apprentissage, il a pu avoir un logement dit de « transition », précaire pour faire simple. Au lieu d’être déçu, il nous a remerciés chaleureusement de l’aide apportée. Lors de notre conversation, nous lui avons dit : « C’est bien, maintenant tu as un lieu où dormir ». Sa réponse a été « Oui, et en plus, j’ai une clef pour fermer la porte, ça c’est fantastique !!!! ».

Lorsque vous utiliserez une clef pour ouvrir votre porte d’appartement, de voiture ou tout simplement de boîte aux lettres, regardez votre clef et dites-vous : « Cette fois-ci, j’y vais, je m’investis ».

Une voie, deux voix

personnes


Témoignage croisé hébergeuse-hébergé

Marine : Cela fera bientôt deux ans, je roulais vers le point de première rencontre : Blablacar oblige, un parking sur une aire de péage entre Angers et Cholet. J'étais impatiente, émue. C'était arrivé, comme ça, sur « Plate-forme d'aide aux exilés » : Scarabée cherchait un accueil pour un jeune prêt à quitter Paris pour la province. En huit jours, Scarabée a tout organisé : Ahmad arriverait ce vendredi de novembre vers 15h00. Étrangement, je ne ressentais aucune inquiétude, plutôt un soulagement : enfin, je pouvais, depuis ma campagne, apporter un petit quelque chose. Et nous nous sommes rencontrés : Ahmad souriait, je souriais ; il était beau et semblait rempli de douceur et de gentillesse. Il avait pour tout bagage un petit sac à dos et un sac en plastique.

Ahmad : Pendant le voyage, je me sentais excité et un peu inquiet. Je ne savais pas vraiment où j'allais, je ne connaissais de la France que Paris. Qui, comment était la personne chez qui j'allais vivre ? Quand je l'ai vue, je l'ai trouvée sympa. Dans la voiture, elle m'a posé beaucoup de questions. Je me suis rendu compte que je me débrouillais assez bien en français. J'étais content car, jusque-là, je n'avais pas beaucoup d'occasions de parler le français puisque je vivais avec d'autres exilés afghans.

Marine : Puis ce fut notre première soirée et sa première nuit dans un lit trop haut et trop mou. Je lui ai proposé, en mimant, une histoire et une berceuse, ça l'a fait rire. Je crois qu'il se sentait bien et moi j'avais le cœur gonflé d'un sentiment mêlé de tendresse et de joie. Les premiers mois, Ahmad passait beaucoup de temps dans sa chambre et je ne voulais pas le bousculer. Il se levait très tard, passait beaucoup de temps sur son téléphone et prenait ses repas à des heures incongrues. Et voilà, je me retrouvais avec un « ado ». Zut, alors, j'en avais déjà eu quatre !

Ahmad : Quand même, j'ai un peu travaillé ! J'ai donné des coups de main à des amis de Marine, nourri des vaches, planté des betteraves, nettoyé des granges et des étables. J'ai aussi animé un atelier d'origami au centre social et participé à des sorties découvertes d'entreprises, spectacles.

Marine : Deux années se sont écoulées. Nous avons mis au point des règles de vie, un rythme de repas et le partage du travail dans la maison. Ahmad est devenu expert en aspirateur-serpillière-raclette. Nous avons partagé nos recettes et chaque repas du soir était occasion d'échanges qui duraient parfois bien au-delà du dessert. Les confinements sont arrivés et la vie sociale s'est limitée à quelques entraînements de foot et un accompagnement de la Mission locale qui lui a permis, ajouté à un travail personnel quotidien, de progresser en français et de se préparer à « l'après réponse de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) ». La présence d'Ahmad était un vrai cadeau pendant cette période compliquée. Dois-je y voir une réponse à mon questionnement sur le fait que nulle inquiétude n'avait accompagné ma décision d'accueillir un garçon dont je ne savais rien et qui était, sans doute, marqué par un passé forcément compliqué et douloureux ? Je l'ignore mais qu'importe ? Les questions sans réponse ne sont-elles pas les plus porteuses de sens ?
Aujourd'hui, Ahmad, muni d'un titre de séjour, commence une nouvelle vie. Dans une semaine, il participera, via la Mission locale, au dispositif « Garantie-Emploi-Jeune ». Son objectif, une formation qualifiante en électricité, ne date pas d'hier. Ce pourrait donc être comme un rêve qui se réalise.

Merci à l'espoir, merci à la vie, merci à Scarabée qui nous a accompagnés. Combien de temps passé avec vous au téléphone à m'éclairer, me rassurer ? Nous avons beaucoup parlé, nous nous sommes découvert des passions communes. Là encore : hasard ? Destin ?


Pour terminer, une courte histoire. Un homme marche sur une plage. Il voit un enfant se livrer à un jeu qu'il ne comprend pas : l'enfant se penche sur le sable, court vers la mer, se penche à nouveau, puis revient sur la plage et recommence. L'homme s'approche et constate que l'enfant sort du sable une étoile de mer et la dépose dans l'eau.

- Pourquoi fais-tu cela ?
- Pour que l'étoile de mer continue sa vie.
- Mais il y a trop d'étoiles, tu ne pourras pas les sauver toutes, ça ne changera rien!
- Peut-être mais, montrant l'étoile de mer qu'il vient de ramasser, pour celle-ci, ça change tout ! »

Ahmad, mon étoile de mer ?

Je suis traducteur à Scarabée

globe-g00b7dc542_1920

De nombreux exilés viennent prêter main forte à l’association en traduisant les propos de tous ceux qui ne parlent pas notre langue. Plusieurs de nos traducteurs sont des demandeurs d’asile qui sont avec nous depuis un an, voire plus, d’autres depuis quelques mois ou semaines ; certains ont obtenu l’asile et prennent sur le peu de temps libre que leur laisse leur travail. Tous agissent au titre de bénévoles. Leur présence est essentielle. Sans elles-eux, notre efficacité serait indéniablement moindre.



Nous avons recueilli les impressions en anglais de l’un d’entre eux qui, il nous l’a promis, s’exprimera la prochaine fois en français (il suit assidûment nos cours !).

I joined Scarabée association as translator in multi languages in June 2020. During this period of time, I learned so many things :
1: I improved my translation skills
2: I improved my communication skills
3: I learned how to handle and translate a difficult story and find a right solution for it.
4: I improved my french language because I communicate with many people daily
5: I found a lot of friends and integrate with french society, french culture, french life style, theater, participate in different meetings, parties, etc.
6: Right now, I have self confidence because I learned a lot of things and I got a lot of experience.

Now, I am feeling like I am a professional person because I learned a lot of things : how Opfra works, what is CNDA, how to give training for interview, and how to apply for CAF, CSS, Navigo, what is Dublin procedures...

« Je viens avec 1, 2, 3 amis… »

Une phrase qui nous fait bien plaisir à double titre. Elle est synonyme de solidarité entre exilés qui, tout comme nous, cherchent à aider les autres. Elle signifie aussi que la personne, dont ce n’est pas la première visite, nous fait confiance.

Tous les mercredis et jeudis, Scarabée accueille sans rendez-vous toutes celles et tous ceux qui se présentent à sa porte aux heures d’ouverture.

amis
Et ils-elles sont nombreux à venir, chercher une aide, un peu de chaleur, dire bonjour. Cela s’appelle l’accueil « inconditionnel » auquel nous sommes attachés. Cet accueil dépend néanmoins d’une condition : notre capacité à porter attention à toutes et tous.

Et là parfois cela se complique parce que chaque ami vient avec ses questions auxquelles il nous faudra tenter de répondre. Et la tâche est de plus en plus ardue pour nous quand pratiquement plus aucune administration, depuis le premier confinement, n’accepte de recevoir son public sans rendez-vous, qu’elle exige la prise de rendez-vous sur sa plateforme et que, faute de créneaux disponibles, celle-ci vous envoie constamment le message « Veuillez vous reconnecter ultérieurement ».

Dernièrement, le gros souci est venu de la Caisse d’allocations familiales qui a subitement modifié le mode d'identification de ses allocataires pour « simplifier les démarches », en oubliant les détenteurs de numéros provisoires d’assurance maladie qui, du coup, n’ont plus accès à leur espace personnel. Sur le moment, nous voilà démunis, à réfléchir « comment faire ». On cherche, on trouve plus ou moins, on prépare une boisson chaude, quelques gâteaux, on parle...

Et on se fait des amis !

Été studieux pour le FU
qui multiplie ses cours

FU

Tout l’été, chaque matin en semaine, nous avons pu continuer d’assurer les cours de français pour débutants (FU, Français d’urgence) au siège de Scarabée, rue Charles Baudelaire, avec un formateur bénévole pour dix-douze réfugiés/demandeurs d’asile. Un challenge quand on sait que nos élèves ont des niveaux de « débutants » différents, avec de grandes disparités dans l’apprentissage, entre ceux qui habitaient de grandes villes et parlent anglais et ceux qui viennent des campagnes et sont allés très peu à l’école. Mais tout le monde a apprécié ce contact chaleureux « en vrai » après l’épisode de parrainage en virtuel. Une réelle satisfaction de les voir progresser dans notre langue, rapidement pour certains !

Après le Forum des Associations du 4 et notre réunion du 11 septembre pour les futurs bénévoles, nous avons pu étoffer notre équipe de formateurs. Depuis la rentrée, nous avons la satisfaction d’accueillir deux groupes dans deux salles différentes (au siège) avec deux formateurs (tous les matins et deux après-midis par semaine) ; ce qui permet d’avoir deux groupes de niveaux (entre les « grands débutants » et les « un peu plus avancés »). Toujours avec, comme axe, la compréhension et l’expression orale, dans des situations de la vie quotidienne. Nous avons aussi pu ouvrir un autre cours à la MJQ de Barbusse (merci pour le prêt du local!).

Par ailleurs, nous avons participé mi-septembre au Festival de La Tréso qui nous a offert en solidarité la recette des repas collaboratifs vendus le soir (où deux jeunes Afghans avaient mis la main à la pâte comme cuisiniers). Un grand merci à toute l’équipe !

Nous recommençons également à organiser des sorties avec nos élèves au théâtre et ailleurs.

custom facebook facebook instagram