La loi du 26 janvier 2024 prévoit de rehausser le niveau linguistique des étrangers, de créer un examen civique et un nouveau « contrat d’engagement au respect des principes de la République » pour obtenir un titre de séjour. Elle relève le niveau d’exigence linguistique en imposant une connaissance minimale de la langue française correspondant à un niveau A2. La langue devient donc le sésame sans lequel il sera impossible d’obtenir un titre de séjour.
La mesure est populaire, pourtant rien n’est simple. Tout d’abord, l’inquiétude est grande quant aux moyens qui seront mis en œuvre par l’État. Scarabée, parmi d’autres associations, prend déjà sa part, mais tout ne pourra pas reposer sur le bénévolat.
Par ailleurs, le chemin de l’apprentissage de la langue du pays dit « d’accueil » est singulier pour chaque apprenant en exil. Il n’a de sens que si l’apprenant se sent partie prenante de la vie sociale dudit pays.
Une maîtrise insuffisante du français est un frein à l’intégration, mais cette dernière passe aussi par l’emploi, le logement, les relations sociales. L’acquisition d’une langue est motivée et réalisée par une participation concrète à la vie sociale du pays dans lequel on se trouve, d’où nos sorties « hors les murs », en région parisienne.
Autrement dit, il convient de ne pas se focaliser sur la seule langue mais appréhender l’intégration dans sa globalité et ne jamais oublier que la grande majorité des exilés en notre pays sont multilingues, qu’une bonne partie a aussi un nouvel alphabet à apprendre, sans compter celles-ceux pour qui c’est la première fois qu’on leur demande d’écrire et de lire ! Le préalable linguistique ne doit pas s’avérer discriminatoire, en particulier pour les femmes qui, prises par la vie familiale, peinent à suivre des cours de langue.