Pour des raisons de justice et de reconnaissance, les sans-papiers méritent de bénéficier d’un droit au séjour, estime un collectif de personnalités parmi lesquelles Pascal Brice, ancien directeur de l’Ofpra, et Louis Gallois, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), dans une tribune au « Monde » publiée ce jour. Extraits.
« Dans cette terrible crise sanitaire qu’affronte notre pays, parmi nous, dans nos rues, dans les entreprises et les commerces essentiels à notre alimentation, jusqu’au seuil des appartements où nous sommes confinés, aux côtés de citoyens français et étrangers en situation régulière, un certain nombre de travailleurs étrangers sans papiers continuent à œuvrer et tiennent notre vie sociale et notre économie à bout de bras : c’est une réalité que la crise nous fait enfin regarder en face.
[…] Nous sommes dans l’une de ces périodes de l’histoire qui nous mettent face à la fragilité de la vie et nous incitent à nous recentrer sur l’humain. Ce moment met en lumière le rôle de l’Etat, des services publics, les mobilisations sociales et les activités essentielles à nos vies. Il conduit à penser de concert la justice et l’efficacité économique. A l’issue de cette crise, pourrions-nous accepter que ces travailleurs sans papiers restent dans la clandestinité après avoir soutenu, avec et comme d’autres salariés, notre pays ? Qui peut imaginer les laisser après la crise poursuivre à nos côtés, invisibles, leur vie dans la précarité et l’illégalité, sous la menace de l’expulsion là où ils devront avoir notre reconnaissance et où l’économie aura encore besoin d’eux ? »