W. vient d’Afghanistan. Son voyage jusqu’à nous n’a duré « que » trois mois. Un itinéraire évidemment difficile, particulièrement à la frontière hongroise : deux barrières de barbelés de cinq mètres de haut, séparées par une route sur laquelle patrouille une voiture de policiers. Il a 17 ans quand il arrive en France et débarque début septembre à Scarabée. W. s’inscrit aux apprentis d’Auteuil, dans une classe d’exilés mineurs qui lui permet, en un an, d’atteindre le niveau fin de 3e. Pure chance, un des professeurs de sa classe, ancien bénévole à Scarabée, appelle Sandrine, de la permanence administrative, pour lui demander s’il serait possible de lui trouver un hébergement. C’est chez nous, Marie-Geneviève et Alain, bénévoles à Scarabée, qu’il trouve refuge.
Mais l’histoire de W. est bien triste et douloureuse. Il vient d’une famille de huit enfants : deux filles et six garçons, dont cinq des garçons ont dû fuir l’Afghanistan. Voici l’histoire de quatre d’entre eux. Lesquels se sont retrouvés en France en janvier dernier. Des retrouvailles inoubliables après une longue période de dix ans pendant laquelle ils ne s’étaient pas revus.
R., 32 ans, a fui son pays il y a douze ans. Il habite actuellement en Californie où il poursuit ses études de médecine (5e année). En Afghanistan, il était traducteur pour l’armée américaine afin de nourrir sa famille.
X., l’ainé, a quitté il y a dix ans son pays. À ce jour, sa famille n’a toujours pas de nouvelles. Il semble qu’il ait disparu au niveau de la frontière de l’Iran avec la Turquie.
M., 29 ans, est arrivé en France il y a quatre ans, il loge à Malakoff et travaille comme maçon dans une entreprise d’insertion. Dans son pays, il était étudiant en 4e année de littérature afghane.
K., 23 ans, est arrivé en Autriche il y a six ans ; il est aujourd’hui cuisinier à Vienne, en Autriche.