Adieu tristesse

Les sujets de préoccupation de cette année nouvelle sont pléthore et la promulgation fin janvier de la loi dite «pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » opte pour la fermeté aux dépens de l’humanité. Pourtant, chacun sait que les migrations continueront tant qu’il y aura des guerres, des persécutions, des catastrophes écologiques, tant que les inégalités continueront à se creuser entre pays riches et pays pauvres.

Les raisons de se réjouir sont donc rares, mais notre pire ennemi serait de céder à la déprime qui diminuerait notre puissance d’agir. « Les pouvoirs établis ont besoin de nos tristesses pour faire de nous des esclaves. […] Ils ont moins besoin de nous réprimer que de nous angoisser », a écrit Gilles Deleuze. Il est bien difficile pour nous, bénévoles, de trouver la force de poursuivre jour après jour notre solidarité active envers les réfugié-e-s et les exilé-e-s, lorsque nous avons face à nous une administration qui bloque leur insertion dans la société.

Des personnes qui ont obtenu la protection internationale et un premier titre de séjour de quatre ou dix ans se retrouvent subitement sans papiers en raison uniquement de dysfonctionnements administratifs. Leurs employeurs suspendent, voire mettent fin à leurs contrats. La Caf interrompt toute aide au logement, prime d’activité, RSA. France Travail (ex-Pôle emploi) coupe toute allocation. Obtenir un rendez-vous en préfecture devient mission impossible.

Nos messages envoyés sur la plateforme Anef (Administration numérique des étrangers en France) et aux préfectures restent sans réponse ou font l’objet de réponses automatiques qui ne résolvent rien. Les défenseurs des droits, auxquels nous faisons appel, sont totalement débordés. Pendant des mois et des mois les situations restent bloquées. Les loyers impayés s’accumulent, les personnes s’endettent auprès de leurs amis pour simplement se nourrir.

Cette maltraitance a des répercussions évidentes sur le moral tant des exilés que des bénévoles. Pas question néanmoins de baisser les bras, nous ne déprimerons pas !