Non, ils-elles ne quittent pas leur pays par plaisir. Le parcours de la plupart des exilés pour arriver en Europe est hautement périlleux et le quotidien de nos bénéficiaires toujours aussi compliqué, tant pour les demandeurs d’asile que pour les statutaires, autrement dit ceux qui ont obtenu l’asile après des années de galère et pour lesquels les difficultés se poursuivent. Voici quelques-uns des soucis qui se posent à eux (et à nous…).
- Logement/Nourriture
Des personnes sont toujours à la rue. Les logements pour les demandeurs d’asile ne sont pas assez nombreux. Les autres, qui gagnent pour la plupart le salaire minimum, n’ont pas les moyens de se loger dans le privé et l’accès aux logements sociaux (demandes assurées par l’un de nos pôles pourtant très actif) prend un temps infini. Des personnes n’ont toujours pas de quoi se nourrir et prendre soin d’elles. Notre épicerie solidaire a continuellement besoin de vos dons (liste de produits ici).
- Le travail
L’Office français de l’intégration et de l’immigration (Ofii) ne dispense toujours pas de cours de français aux demandeurs d’asile (contrairement à d’autres pays européens) et les cours de cet organisme, une fois l’asile obtenu, peinent à débuter. Conséquence : trouver du travail sans parler la langue française relève du parcours du combattant. Dans ces conditions, tout rendez-vous à Pôle Emploi perd beaucoup de son sens. Et il faut savoir qu’un demandeur d’asile en France a besoin d’une autorisation (difficile à obtenir et très contraignante) pour occuper un emploi rémunéré. Nous avons un pôle travail au sein de Scarabée qui s’adresse essentiellement aux statutaires : rédaction de CV, recherche de voies possibles, droits et devoirs des travailleurs, mais nous ne sommes ni Pôle Emploi ni l’État. Et nos places en cours de français sont forcément limitées.
- La dématérialisation des démarches administratives
Avant, les queues aux entrées des administrations, en particulier à l’accueil des étrangers en préfecture, étaient interminables. Plus de queue aujourd’hui puisqu’on ne rentre que sur rendez-vous. Beau progrès oui, mais comment obtenir un rendez-vous ? Que ce soit en préfecture, à la CAF ou à Pôle Emploi, la réponse sur Internet est souvent la même « Plus de rendez-vous disponible, réessayez ultérieurement ». Les rendez-vous en présentiel se font rares, on obtient parfois un rendez-vous téléphonique, mais pas facile pour quelqu’un qui vient d’obtenir l’asile de s’exprimer au téléphone, du coup elle revient à Scarabée, où nous sommes déjà bien débordés. De plus, même ceux qui parlent français rencontrent des difficultés énormes avec les subtilités de notre belle langue administrative.
Des aides numériques existent à certains endroits, mais pour y avoir accès il faut tout d’abord prendre rendez-vous en ligne… Kafka où es-tu ? Ceci pour, in fine, n’être pas toujours bien accueilli quand on n’est pas francophone. Il est de plus en plus difficile d’avoir un humain au téléphone. Appuyer sur le 1, le 3, le 4 pour revenir au point de départ… Bref, pas besoin d’en dire plus, nous sommes tous confrontés à cette accélération numérique qui accentue la fracture sociale. De plus, les « pannes techniques » sont pléthore (sites administratifs en maintenance en pleine journée…).
- Le cas des sans-papiers
Ils ont en vérité une montagne de documents, mais pas le sésame. Alors que d’autres pays européens facilitent leur régularisation (certains sont là depuis dix-quinze ans, leurs enfants vont à l’école), la France prend le chemin inverse. L’Aide médicale d’État est de plus en plus compliquée à obtenir, alors que nous, population française, avons tout à gagner que ces personnes soient convenablement soignées pour notre propre protection.