« J’aime la France d’un amour infini, mais mon coeur reste empli de mon pays natal », reconnaît Chahdortt Djavann, écrivaine de langue française née en Iran. Laquelle, se demande dans son puissant ouvrage Et ces êtres sans pénis !, pourquoi elle est encore, après plus de vingt-cinq ans de présence en France, « dévastée » par des événements qui se produisent à des milliers de kilomètres.
Cette déchirure, nous la côtoyons quotidiennement à Scarabée. Ne plus habiter dans son pays, c’est vivre avec les souffrances des proches de là-bas, la nostalgie de sa famille, auxquelles s’ajoute le quotidien précaire d’ici. C’est ce quotidien que nous nous efforçons d’adoucir avec des mots de réconfort, en faisant prévaloir un impératif de solidarité en vue d’une digne insertion.
« L’exil c’est ne plus appartenir à aucun monde, à aucun peuple, à aucune langue. L’exil, c’est cette question qu’on vous jette à la figure dès qu’on entend votre accent : « Vous êtes d’où ? ». Eh bien de nulle part », écrit Chahdortt Djavann. Non, aucun être humain ne quitte son pays, ses proches, dans le seul but de bénéficier de nos droits sociaux.